24 janeiro, 2006

Ecos de cá!

Cavaco Silva triomphalement élu à la présidence portugaise
Portugal L'ex-premier ministre de centre droit bat ses adversaires socialistes dès le premier tour.
François Hauter (Avec AFP.)
[23 janvier 2006]
Anibal Cavaco Silva, 66 ans, a été élu hier président de la République en obtenant 50,59% des voix, dès le premier tour de scrutin. Manuel Alegre, député du Parti socialiste, qui se présentait comme indépendant, a obtenu 18%. Le leader historique des socialites portugais et candidat officiel du parti, Mario Soares, qui n'arrive qu'en troisième position avec 14%, a reconnu la victoire de son adversaire dès hier soir. Le premier ministre socialiste, José Socrates, a félicité le nouveau président pour son élection. La participation a été de 62,60%.
Et nombreux sont ses compatriotes qui sont prêts à le croire. Car l'homme rassure par son sérieux.POUR LA PREMIÈRE FOIS depuis la révolution des Oeillets en 1974, c'est un homme de droite qui accède à la présidence de la République au Portugal. Dès l'annonce de sa victoire, Anibal Cavaco Silva a déclaré qu'il serait L'image de ce professeur d'économie au maintien raide se confond, chez les Portugais, avec le souvenir des années de croissance rapide, d'augmentation des salaires et d'amélioration des prestations sociales durant lesquelles Anibal Cavaco Silva était premier ministre (1985-1995). Une période faste pour le pays qui bénéficiait alors de la manne communautaire après son adhésion à l'Union européenne en 1986. Aujourd'hui, ils le rappellent pour présider un pays en pleine tourmente.

Tâche délicate

Marié et père de deux enfants, très attaché aux valeurs familiales, le nouveau président de la République portugaise aime à rappeler ses débuts modestes de fils de garagiste d'une petite bourgade du sud du pays. Principal artisan du renversement de la coalition de gauche dirigée par Mario Soares au début des années 80, il permet à son parti, le Parti social-démocrate (PSD, centre droit), de gagner les législatives anticipées de 1985, et il prend la tête du gouvernement qu'il conserve dix ans. Candidat malheureux à la présidence en 1996 contre Jorge Sampaio, l'actuel président socialiste, il se met alors en retrait de la vie politique, et reprend son métier de professeur à l'université. Jusqu'à cette nouvelle élection présidentielle qu'il emporte enfin.

Tout au long de la campagne, Cavaco Silva a affirmé vouloir «contribuer à ce que le Portugal surmonte la crise», et promis d'être «le président du dialogue social». Une tâche en apparence d'autant plus délicate qu'il devra, sans grandes prérogatives, présider un pays dont le véritable dirigeant est un premier ministre socialiste, José Socrates, au pouvoir depuis février 2005. Mais les deux hommes, qui se sont rencontrés secrètement il y a deux semaines, font le même diagnostic du mal portugais et se retrouvent sur le remède à prescrire.

Vingt années d'Europe

Une sorte d'union nationale approuvée largement par des Portugais qui fêtent sans joie, ce mois-ci, vingt années d'Europe. Les familles, submergées de crédits, ont du mal à boucler les fins de mois. Les élites paniquent parce que les rares usines du pays, dans le textile et la chaussure, ferment les unes après les autres, délocalisées vers la Chine ou l'Europe centrale. On a beaucoup arraché d'arbres fruitiers, les productions agricoles ont été abandonnées et les campagnes se sont désertifiées, accentuant l'exode rural vers les côtes.

En vingt ans, même si le niveau de vie général a bien augmenté, même si l'on a construit tous les ponts ou autoroutes possibles ici et là, on a bel et bien oublié l'investissement primordial, celui qui fait toute la différence entre le tiers-monde et le monde développé : l'école. Le réveil est brutal. La croissance portugaise, qui jusqu'en 2000 côtoyait celles de l'Espagne ou de l'Irlande, est aujourd'hui plate comme une limande. Le moral des Portugais, au plus bas, est inversement proportionnel à la montée du chômage et suit le feuilleton des délocalisations d'usines portugaises vers l'Afrique du Nord ou l'Asie.

Le pays se retrouve soudain désigné comme le mauvais élève de l'Europe, à la traîne même des dix pays qui viennent de rejoindre l'Union.

in le figaro

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